Caravan Palace <|°_°|>

Biographie et présentation des morceaux pour le dossier de presse de la sortie du troisième album <|°_°|> (robot) en 2016.

Caravan Palace robot

Ayant déjà conjugué au futur un passé pas si simple dont ils ont redoré le blason sur un lit de beats dancefloor, télescopant contrebasse, synthés, scat et violons, les cyber-punks des années folles se réinventent avec une arrogante insouciance dans un troisième album surprenant et attendu.

D’une bande-son de porno muet du début de siècle (l’autre) en 2005, trois musiciens de swing qui jouent vraiment avec les doigts, Hugues (violon), Charles (contrebasse) et Arnaud (guitare), décident de customiser le genre. Ils s’entourent alors de Chapi (clarinette), de Toustou (aka Mighty Mezz, trombone et boom boom), d’un robot anonyme et, dorure finale au frontispice de leur Palace flambant neuf, de l’atemporelle Zoé, « jolie coquine » égérie d’une époque rêvée qui n’existe pas. Ça programme, ça scatte, ça devient un peu fou et en 2008, ça surprend avec ce son d’aujourd’hui assaisonné à l’ancestral dans un album dont le robot reste pantois et qui se glisse sans efforts dans les festivals de Jazz comme derrière les enceintes épaisses des gros festoches US. En 2011, sans se copier soi-même, retour avec l’album Panic ! et avec Paul-Marie (vibraphone, washboard, piano). Il est alors temps de tourner comme des dingues parce que la planète réclame sa dose de fraîcheur.

Mais tout cela n’aura aucune importance. Car malgré son nom, Caravan Palace ne s’enferme ni dans l’étroitesse de la première ni dans l’opulence de l’autre et dépoussière plus encore les rayonnages bien rangés de l’histoire de la musique. Lors de leur dernier voyage dans le temps pour aller ressusciter encore le swing-jazz à grands coups de fée électricité, tels des Docteurs Frankenstein en costumes zazous et robes flappers, ils ont agrippé au retour quelques oldies qui n’en sont pas sorties indemnes. Et c’est tant mieux. Avec le jive redevenu jouvenceau, il était temps d’aller secouer son hip-hop de petit-fils, dont les colliers à $ commençaient à prendre de la patine, pour lui donner ses armoiries. Et à force de rôder la machine à danser, il était inévitable que la house et la funk se jettent sur leur passage pour avoir droit à leur tour à la potion magique Made in France. Prenez un ticket les autres, vous y passez aussi. Même toi, le early rock’n’roll, là-bas au fond.

Inutile d’imaginer ici un bordel de genres collés ça-et-là. Au Palace, on digère, on invente, on renouvelle avec clâsse (mais pas trop, non mais). Et le nouveau Caravan, ça râpe aux entournures, c’est punchy, c’est bada$$, c’est décadent, c’est groovy, toujours évident, ça prend son temps et ça brille dans le noir. Et si les tempos sont ralentis, n’y vois aucun gage de sagesse, mec. À l’heure où le has-been est devenu tendance, le Palace se fout bien plus de la mode que de l’an 40 et, sans renier ses poum tchak ni ses wap doo wap, pose du flow sur les trilles de sax et lâche le scat sous les boules à facettes. Qui l’eût-cru ? Sûrement ceux qui ne leur collent pas d’étiquettes – ça n’tient pas avec la sueur de l’artiste – ou qui ne les rentrent pas dans une case (ils prennent trop de place, surtout la contrebasse).

Caravan Palace avance à son rythme et écrit la musique d’après-demain, l’insouciante, la sautillante, avec des vrais morceaux d’instruments à l’intérieur, celle qui se joue du Temps, des styles et des dancefloors. Appelez-la comme vous voudrez, ça ne changera rien. Car même si aucun robot n’a été maltraité pendant la production de ce troisième opus, les machines vont se défouler sur vos pieds et vos cervicales de leur beats frais et implacables. Alors réjouissez-vous, comme ça : <|^_^|>.


Tracks

Lone Digger

On ne sait plus qui donne de l’aura à l’autre, le swing ou le disco-beat ? Qu’ils se décident entre eux, abandonnons-nous à Zoé, toujours princesse, même du flow le plus banlieusard. Peu importe, « swing » reste inaltérable en verlan et rien ne peut la distraire, elle conquiert son royaume qui s’étend maintenant de Funkytown aux steppes des réverbs lointaines.

Comics

Enfumé et cotonneux, un presque trip-hop lumineux à souhaits autant qu’inexorable. Une alchimie old & new school, un groove positif qu’électrise une Zoé soudain rock’n’roll lolita que ne reniera pas mamie Wanda Jackson. Il n’existe aucun traitement connu contre cette tune.

Mighty

Une liesse populaire et percussive, un beat franc et massif venu avec tambours et clarinettes, en piédestal pour ces petites chanteuses à la gueule de bois qui y mettent tout leur chœur. Allez, on tape dans les mains. On sautille. Deux pas de charleston. Voilà.

Aftermath

Une dolce vita à l’américaine, quand plus rien ne presse, le souvenir d’une éternelle époque rêvée qui sent bon les cookies sortant du four et le trip-hop en famille du dimanche après-midi. 

Wonderland

Sur un beat pénitent au pattern austère, un voyage en terre imaginaire dancy et spirituel, bitchy et aérien, saupoudré du jazz du meilleur effet. Pourquoi choisir son camp ? Il n’y en a pas au pays des merveilles. Fermez les yeux, tout est possible.

Tattoos

Un charleston sagement endiablé aux voix gramophonées en questions-réponses, ladies & gentlemen. « I’ve got plenty of tattoos ». Et c’est comme ça que tu nous allumes, mademoiselle, et que les machines te propulsent des docks enfumés aux plus beaux dancings jusqu’à un final bien tropical pour être honnête.

Midnight

Au milieu d’hier et de demain, une comptine dancehall et interlope pour adultes consentants, un piano tout en lumières tamisées, un saxo de nuit et cette machine dans ta tête, leitmotiv de nuits secrètes.

Russian

Dans une bonne dose de créole bien frais, verser la même quantité de funk doucereuse. Triturer à part quelques morceaux de swing préalablement digitalisés. Ajouter un soupçon de vodka et passer l’ensemble au mixer. Servir a température ambiante dans une vieille boite à musique. Avec une ombrelle. 

Wonda

Contient des traces de Motown, de doo-wap, de vibraphone et de fin des années 70.
Peut provoquer des effets indésirables : mouvements incontrôlés et en rythme des membres inférieurs et supérieurs, diminution de la pression artérielle, claquement des doigts. Si les symptômes persistent, consulter d’urgence un DJ.

Human Leather Shoes for Crocodile Dandies

Un road-trip où l’on prend le temps de s’arrêter, où les sonorités lointaines se mélangent en fermant les yeux. On ne sait pas où l’on va ; vers ces nappes nuageuses synthétiques ? Vers ces violons lumineux ? Cette voix hypnotique ? Rien ne semble réel, pas même le rythme, puisque la destination n’a pas d’importance…

Lay Down

Il y a du rock’n’roll qui ne porte pas encore de nom, bien plus exotique que nous n’y étions préparés. Et puis le jazz est partout, il nous poursuit même dans la synthèse la plus FM, qu’on le veuille ou non. Et on le veut, pas vrai ? Embrassez vos copines, cette danse chaloupée ne vous les rendra peut-être pas.

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